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Projet littéraire

Projet Littéraire

   Il y a quelque temps j’ai commencé un projet littéraire pour mes enfants : une suite d’albums où un petit garçon et une petite fille du haut moyen-âge vont vivre des aventures en plantant un verger. Je me lance, j’ai écris une lettre pour une maison d’édition où j’explique tout ! Qu’est-ce que vous en pensez? 

   Et puis, que ça rate ou que ça réussisse, après tout c’est secondaire (A.Giacometti), l’auto-édition ça existe aussi !

   Noé

Mont, le dix-huit septembre 2023

     Objet : proposition de manuscrit pour album jeunesse

  Madame, Monsieur,

   Je m’appelle Noé Mercier, je suis arboriculteur en bio dans les environs de Cluny en Bourgogne du Sud, et ex-doctorant en anthropologie. Je soumets à votre lecture ces deux manuscrits. Il s’agit de deux premiers albums d’une suite consacrée aux aventures fruitières de deux enfants du haut moyen-âge : Amélanche et Pendragon.

    À travers les aventures de ces deux jeunes personnages, j’aimerais soulever la centralité du motif de l’arbre fruitier et du verger dans notre imaginaire. Tout ce qui se passe concrètement dans un verger nous dit quelque chose de la vie, de la mort et du sens de l’existence, par une analogie jaillissante : l’élan créatif (planter un verger, créer une variété fruitière), l’abondance et la rareté, la persévérance dans l’épreuve, l’inquiétude et la paix, la quête de l’origine, et la perspective d’un salut qui prend d’emblée les traits magnifiques et paisibles du verger où tout est réuni. C’est là un objet anthropologique de premier plan, qu’il me semble intéressant de servir par la voie détournée du récit épique.

   À cela, le décors est tout trouvé : le paysage du clunisois et plus particulièrement la petite vallée du Grison où nous avons planté nos vergers bio d’amélanchiers et de pommiers (une très ancienne variété à chair rouge prénommée justement « Pendragon »), et où paissent nos brebis. L’époque également, ce haut moyen-âge creuset des légendes, et particulièrement ce fond commun de l’imaginaire que constitue la geste arthurienne dont un épisode bourguignon pseudo-historique est ici mis à profit pour tisser la trame du récit. La figure du héros indo-européen, orphelin, élevé par des paysans, et qui découvre progressivement ses origines et son destin est également reprise afin d’étoffer à un niveau individuel cette analogie de la quête de l’origine dont le verger, l’Eden, est le symbole par excellence. En commençant par planter un verger, nos deux personnages vont ainsi vivre moultes aventures, en apprendre des vertes et des pas mûres sur le patrimoine fruitier, ainsi que sur eux-mêmes.

    Enfin, j’ai voulu écrire pour différents niveaux de lectures. Les enfants de 7 à 12 ans devraient représenter les lecteurs les plus naturels. Toutefois, il me semble qu’à tout âge, une compréhension singulière puisse se dégager du récit car il en va de de sa matière même. Ceci étant, les illustrations devraient tenir un rôle primordial pour soutenir l’écrit, autant esthétiquement que par la représentation fidèle et claire des gestes et des techniques décrits à des fins pédagogiques.

   Le but de ces albums jeunesse est donc de parler d’arboriculture, au propre comme au figuré. La particularité des techniques et des gestes qui caractérisent le rapport des hommes aux arbres fruitiers, ceci afin de mettre en lumière la densité de cette relation millénaire. Une relation pourtant parfois mal connue, particulièrement à notre époque où l’arbre fruitier et le verger, objets ambigus de nature et de culture, redeviennent un enjeu proprement métaphysique chez nos contemporains. S’il s’agit certes d’une relation profondément poétique, elle revêt d’abord une dimension proprement économique (s’alimenter, produire des fruits de qualité par la sélection variétale, le greffage, etc.).  Trop souvent, une idéalisation naturaliste de l’arbre fruitier, symbole d’une altérité parfaite d’abondance gratuite, traduit une idée pessimiste de l’humanité. Ceci aboutit dans notre société globalisée à l’adhésion diffuse à une anthropologie négative, faisait du néolithique une sorte de péché originel, et de la nature un culte des origines largement fantasmé. Hier comme aujourd’hui, notre relation aux arbres fruitiers nous dit quelque chose de la perception que nous avons de notre propre humanité.

   L’idée transmise dans ces albums est me semble-t-il à la fois claire et lucide : l‘Homme est au cœur même du fruit qu’il cueille et savoure indolemment. L’Homme est objectivement co-créateur de l’abondance.

   Merci pour le temps consacré à me lire, dans l’attente de votre retour, veuillez recevoir mes salutations les meilleures.                                                                             Noé Mercier

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